open Wednesday to Saturday
from 2 pm to 6 pm
37, rue du Stand – 1204 Geneva
T: +41 22 329 60 69
M: +41 78 882 84 39
Established in 1981, Andata/Ritorno is one of the most important places dedicated to contemporary art in Geneva. Founded as an association, it is a platform for experimentation and a promotional laboratory for young artists or establish but relatively unknown artists. Andata/Ritorno is unique with its off-programme, ensuring a diversity of expressions in the cultural panorama of Geneva’s cultural and artistic scene. Andata/Ritorno offers a glimpse of an essential intermediary path between commercial spaces and institutions.
Andata/Ritorno has hosted many artists’ first solo show, some of whom are now world-renowned, and has worked with more than 250 Genevan, Swiss, and international artists such as John Aldus, Guillaume Bijl, Etienne Bossut, Bill Culbert, Gloria Friedmann, Qiu Jie, David Mach, Bernard Moninot, Jacques Monory, Gianni Motti, Orlan, Carmen Perrin among many others.
The association continues its work with more than 10 exhibitions and events organized each year.
13.11 – 20.12.25
Vernissage 13.11.25, 18h
Ecce Femina, c’est le titre de l’exposition individuelle présentée cet automne du 13 novembre au 20 décembre 2025 dans les murs de la galerie Andata Ritorno.
Philippe Reymondin que je rencontre dans son atelier, décrit son travail comme un travail par inspiration, sans qu’il puisse expliquer ou justifier les pistes qu’il explore. Et puis, à un moment, dit-il, le sujet me lâche.
Reprenant les codes de la représentation religieuse et en bousculant l’iconographie, sans dérision, sans provocation, sans mysticisme ou spiritualité, sans aucune tentative néo chrétienne qui tenterait une adaptation de la religion à l’époque contemporaine, c’est en exégète du corps que l’artiste travaille. Non pas un corps réifié, sanctifié, déifié tel qu’on le connait, mais le corps hors toute glorification ou arrogance, sans outrecuidance, le corps nôtre, unique dans sa singularité de personne humaine.
Et en effet, à contempler les œuvres accrochées dans la galerie, et à contempler les tableaux des cinq séries Madone, Pieta, Ste Thérèse, Crucifixion, Ecce Femina, c’est bien de visages et de corps contemporains qu’il s’agit.
Ecce Homo, voici l’homme, selon la parole du gouverneur romain Ponce Pilate offrant Jésus en pâture à la foule, Ecce Homo reprend le philosophe allemand Nietzsche dans son dernier écrit que l’on a parfois qualifié d’autobiographie. Ecce Femina, parole de démonstration, parole d’humilité, le corps est sensible et vivant, l’être de chair et de sang comme désir et affirmation inconditionnelle de la vie.
Il existe toute une tradition picturale qui représente le Christ crucifié sous une forme féminine, de la peinture du Titien à celle du Corrège, à la photo du tchèque Frantisek Drtrikol et plus récemment de la française Bettina Rheims, dans laquelle cette exposition s’inscrit. Mais Ecce Femina est en résonnance et en référence avec bien d’autres pratiques et orientations artistiques encore, tant il est vrai que l’art a un rapport réflexif à la société et à ses productions plurielles. Dans le désordre, l’artiste énumère: le groupe de punk rock britannique Sex-pistols, les réalisateurs espagnol Bunuel, italien Pasolini, le biopic Larry Flint, les surréalistes, le poète symboliste et réalisateur de cinéma érotique japonais Kôji Wakamatsu, la parution de la très controversée publication SEX et de l’album Erotica de la reine du pop américaine Madona.
Chacune de ces œuvres interroge la construction et la représentation des corps, de la sexualité, de la féminité, dénonce aussi les idéologies suffocantes et les espaces de privation de liberté et d’enfermement dans lesquels les corps sont corsetés, les imaginaires façonnés.
L’artiste utilise la technique de la sérigraphie, au spray et pochoir. Largement employée dans le street art, clin d’œil au monde vorace consumériste et à son expansion. Production et diffusion à l’infini en mode affiches de publicité sur laquelle, en musicien qu’il est, l’artiste Philippe Reymondin intervient. Comme dans une séquence improvisée d’un thème musical, il introduit une variation, légère modification, subtile effraction qui détourne chacun des tableaux de son thème d’origine.
Désormais, c’est à nous visiteur.ice.s qu’incombe la tâche de se laisser aller au glissement de point de vue, furtif point de fuite vers un écart et une improvisation qui nous revient. Dialogue silencieux à transposer dans nos propres tonalités et nos propres tempos jusqu’à ce qu’à notre tour….le sujet nous lâche.
@hel
Genève, 14 octobre 2025